Construit entre les années 1700 et 1750, le bâtiment est typique d’une époque où florissaient les chapelles baroques en Valais.
Le long hameau de Turtig, qui fait face à Rarogne, se trouve sur l’antique voie impériale qui traversait le Valais. Il possède tout ce qu’un village valaisan doit posséder : des maisons décorées de bandeaux et d’encadrements en tuf, des raccards et des greniers, des étables et des granges, et même un petit lavoir où l’on faisait boucherie et où l’on distillait de l’alcool. Le hameau était autonome du point de vue matériel. Certaines demeures témoignent encore de l’argent que l’on récolta ici grâce aux droits de transit. Le patrimoine religieux profita aussi de cette manne. La première référence historique mentionnant une chapelle remonte à 1670. Cette année-là, un couple illustre s’y maria : Johannes Kalbermatter, greffier, et Juliana Allet de Loèche-les-Bains. Construit entre les années 1700 et 1750, le bâtiment actuel est typique d’une époque où florissaient les chapelles baroques en Valais.
La première chapelle était dédiée à saint Laurent, tandis que sainte Agathe est nommée pour la première fois patronne de l’édifice en 1795. Otto Zumoberhaus, né à Rarogne en 1929, grandit dans la maison face à la chapelle à partir de 1933. Il se souvient des processions annuelles de mai : les habitants venaient à pied de Rarogne prier Dieu de veiller sur le temps et les récoltes. À la Sainte Agathe, le 5 février, les pompiers de Rarogne participaient à la messe dans la chapelle.
En 1943, la voûte s’écroula. En 1951, un nouvel édifice fut inauguré 400 mètres plus loin en direction du nord-est. Il abrite aujourd’hui encore la maison de Dieu. Mais que devint l’ancienne chapelle abandonnée ? Quand un édifice sacré tombe en ruine ou qu’il est remplacé par un nouveau bâtiment, il peut être désacralisé et employé à des fins profanes. En Valais, on trouve parfois des chapelles transformées en cave à fromages (Binntal), en chalet de vacances sur l’alpage (Lötschental), en appartement dans le village (Les Haudères), en bureau de poste (Chandolin) ou en salon de coiffure (Val de Bagnes). Mais la plupart du temps, elles servent d’entrepôts. Ce fut le cas à Turtig, où l’on entreposa toutes sortes d’outils et de matériaux de construction dans cette chapelle abandonnée. Pendant un certain temps, l’ancienne maison de Dieu accueillit même un bélier.
Lorsqu’il prit sa retraite, Otto Zumoberhaus, revint habiter dans la maison en face de la chapelle, il eut pitié de l’édifi ce et l’acheta en 1999. Puis il présenta une demande de démolition. Sa demande fut acceptée mais la pelleteuse n’était pas encore arrivée qu’en 2000, il entra par hasard en contact avec le Musée Ballenberg qui cherchait une chapelle. Comme l’autel, les tableaux, les bancs et les croix de l’ancienne chapelle se trouvaient depuis 1951 dans la nouvelle chapelle de Turtig, des copies furent réalisées pour le Musée, tandis que les pièces originales proviennent d’autres villages valaisans.